Retour de vignoble – Domaine des Homs 2020 – discussion avec Jean Marc de Crozals vigneron dans le Minervois

Les Homs, Minervois
31 juillet, 2020

Nous continuons notre tour des domaines avec le domaine des Homs dans le Minervois. En quittant l’autoroute, reliant Narbonne à Carcassonne, nous prenons les petites routes sinueuses au travers des villages, passons au dessus du canal du Midi, trait d’union entre la mer Méditerranée et l’océan Atlantique.

Le domaine s’étend sur 20 ha sur une terrasse de sol datant du Villafranchien, riche en pierres charriées de la montagne noire et de dépôt argileux. Jean Marc et Anne de Crozals cultivent 20 ha de vigne, des oliviers et des amandiers sont aussi présents sur le domaine.

Canal du Midi juste avant d’arriver au domaine des Homs

Sommaire

  • retour sur le cycle végétatif depuis l’automne 2019 et les travaux dans le vignoble 
  • Discussion autour d’un problème actuel et récurrent : le manque d’eau  
  • Gite & Boutique du domaine
  • Vins disponibles 

Automne 2019

Appréhender le millésime en cours c’est suivre le cycle végétatif en remontant le temps jusqu’à la fin des vendanges passées. 
Octobre a été plutôt un mois « normal » classique de la région avec des températures douces et peu de pluie.
Comme toujours à cette époque de l’année, Jean Marc passe dans les vignes, un rang sur deux pour donner un coup de pointe afin de décompacter le sol (qui n’a pas été travaillé depuis juillet). Les sols sont travaillés sur une très faible épaisseur, pour aérer les sols même sur une faible profondeur et faciliter la pénétration dans le sol des premières pluies.

A partir de novembre, les premières applications de matière organique (humus) sont épandues et enfouies et la taille démarre avec les cépages blancs qui sont les premiers à perdre leur feuilles à la mi-novembre.

Le problème principal de la région est le manque d’eau récurrent. Aussi en décembre, un sous-solage est fait un rang sur 2 pour décompacter jusqu’à 60/70 cm de profondeur. Au bout de cette grosse pointe, est ajouté une boule qui permet de creuser un drain en profondeur pour faire une sorte de canalisation souterraine pour les pluies fortes du printemps. 

D’une manière générale cette année a été douce, il n’y a eu aucune température négative. C’est très facile à s’en souvenir, car il n’y a pas eu besoin de casser la glace dans l’abreuvoir des poules comme c’est souvent le cas durant l’hiver. 
Même la neige aura été éphémère avec quelques heures de poudreuse le 26 mars, illustration du choc de deux airs froid du Nord et chaud du Sud. 

Quelques heures de neige passagère le 26 mars 

Hiver 2019 & printemps 2020

Les vignes ont commencé à pleurer à la fin février et le débourrement a été précoce, coïncidant presqu’avec la fin de la taille qui s’est terminée vers le 15 mars.

Puis fin mars, au moment où les sols commencent à se réchauffer, Jean Marc passe les pointes pour enfouir les sarments un rang sur deux. Ce passage amène de l’oxygène dans le sol. La combinaison de présence d’oxygène et des sols réchauffés aide les bactéries du sol à se mettre en route pour transformer la matière organique en humus et donc l’assimilation de l’azote par les racines de la plante.

Pour les premiers traitements, Jean Marc a ajouté des huiles essentielles d’écorce d’orange aux préparations de Cuivre et Soufre afin de diviser par deux leurs quantités.

Adaptation du quad pour pouvoir faire les traitements et entrer dans les parcelles malgré les sols gorgés d’eau 

Un mois de mai capricieux et préjudiciable

Il aura été pluvieux ce mois de Mai !! Dans une région normalement à l’abri, voire en manque d’eau, cette année, il aura plu tous les jours de mai ou presque. La pluie succédant au crachin et vice et versa, à tel point que les moindres ruisseaux étaient remplis et les sources d’eau apparaissaient en résurgence dans les parcelles.

Or, en raison de l’absence d’hiver, le développement végétatif a été en avance et mai a aussi été le mois de la floraison. C’est une étape capitale et sensible pour la future récolte. L’humidité permanente maintenait le vignoble sous la pression des maladies notamment le mildiou, et il était impossible d’aller dans les vignes pour traiter et protéger les fleurs car les sols étaient impraticables avec le tracteur.

Ce sera donc à pied ou sur un quad équipé de rampe que Jean Marc ira au front dès qu’une éclaircie se présentera  … Malheureusement, les grenaches ont été touchés plus sévèrement et il n’y aura probablement pas de récolte ou très peu en 2020.

Après les pluies, la grêle … et le 3 juin 2 ha de Syrah ont été touchés sur les plantations les plus proches du canal du Midi.
 
Enfin, depuis, juin, le temps s’est mis au beau et tout ce qui a été sauvé est magnifique : les Chardonnay et Viognier pour les blancs et les Syrah pour le futur Paul.
Les vignes sont superbes, avec beaucoup de feuilles très vertes et aucun signe de manque d’eau pour le moment.
 
Avec 8 à 15 jours d’avance, les chardonnays devraient ouvrir les vendanges autour du 25 aout. Les maturités sont très proches les unes des autres, aussi le domaine s’attend à des vendanges très intenses et courtes !

Jean Marc nous montrant ses superbes Syrah 
Photo 1 avec les Muscat petit grains déjà légèrement sucrés, quelques tâches de brûlure du soleil
Photo 2 avec les chardonnay qui sont magnifiques

Replanter … tous les ans un peu

Sur certains aspects, le travail de vigneron est un éternel recommencement. La plantation par exemple. Que ce soit les manquants à replanter régulièrement ou des parcelles entières, il y a toujours besoin de renouveler le vignoble.

Cette année, 0,5 ha de Syrah a été replantées en mai. Le plantier est un travail très lourd car il faut régulièrement arracher les mauvaises herbes à la main et à la pioche : un travail long et éreintant. Aussi, volontairement, Jean-Marc replante par demi-hectare.
L’année prochaine, de nouveau 0,5 ha sera replanté avec des Syrah.

Il y aura également remplacement d’un ha de Viognier par du Rolle, un cépage parfaitement adapté à la climatologie chaude et sèche de la région.  

Plantation de 0,5 ha de Syrah le 10 mai
Un plantier réussi, tous les pieds sont partis – photo prise le 31 juillet

Comme nous en parlions dans le reportage des 7 Pierres, ici aussi, l’eau manque terriblement. Cette année a été exceptionnelle au printemps, mais souvent il ne pleut plus une goutte à partir de mars ou avril et les températures deviennent très chaudes jour ET nuit !

C’est le fruit de longues discussions, et aujourd’hui, les producteurs ont enfin le droit de pratiquer l’irrigation par goutte à goutte. Ce sera un système très encadré sur une surface totale de 1200 ha. Aucun vigneron ne pourra mettre l’irrigation en route, il faudra passer par une plateforme de contrôle et la quantité totale possible sera de 100 mm par ha, à chacun de gérer ensuite avec ce quota.
Le domaine des Homs équipera petit à petit son vignoble sur les zones les plus sèches ou les plus sensibles.


Vins actuellement disponibles:

Les millésimes 2019 pour les blancs, rosé et Amandier sont disponibles. Un millésime très expressif sans lourdeur.

La mise en bouteille des Clots de Pals, Paul et Gravière 2019 s’est faite mi-juillet, les vins attendront en bouteille avant de sortir de la cave, le temps de se reposer de la mise et continuer à développer leurs arômes.

Il reste quelques bouteilles de Paul et Gravière 2017, nos deux cuvées récompensées de la médaille d’or au concours Millésime Bio en début d’année puis nous passerons très prochainement au 2018.

Grenache aussi veille au grain … !

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