Fattoria Selvapiana: Tour du vignoble 2019, Chianti Rufina, Toscane

Vignobles de Selvapiana avec les Apennins en arrière plan

19 Aout, 2019

Rufina, Toscane

Aout est une belle période pour visiter la Fattoria Selvapiana. Les vendanges commenceront dans quelques semaines et c’est le calme avant la pleine activité. Les journées sont toujours chaudes mais plus fraiches en soirée et c’est bien agréable ! Enfin, c’est la pleine saison des tomates et un régal avec les fromages locaux.

Je suis accueillie par deux énergiques Berger de la Maremma – Arno et Yumi – résidents permanents du domaine et comité d’accueil non officiel ! 
Durant l’été, la Fattoria accueille les visiteurs tous les jours de la semaine pour les visites au domaine et repas du midi sur réservation. Ces repas sont cuisinées sur place avec les produits locaux, une cuisine typique Toscane qui n’oublie jamais la fameuse huile d’olive de la maison, qui fait toujours partie de tous les menus.

Notez simplement que l’entrée de la cave est discrète et qu’il faut faire attention à ne pas louper la petite route qui grimpe sur la droite en quittant le village de Pontasieve en direction de Rufina. De même, vous pourrez avoir besoin de donner quelques coups supplémentaires à la porte ou faire tinter les cloches si l’équipe se trouve au fond de la cave médiévale ! 

Photo 1 : February 1st – a Maremma Shepherd puppy’s first snow at Selvapiana
Photo 2 : Same view in mid-August, the dogs are tired from the Summer heat

Millésime 2019 : Neige et gel

Décembre et janvier ont été plutôt froids et secs cette année.  Alors que les hivers ont été de plus en plus chauds ces dernières années, 2019 est un retour à la neige en bonne quantité. C’est un retour à un hiver “normal”.

La mi-avril a été marquée par le débourrement, mais les choses se sont compliquées au début du mois de mai avec de nouvelles chutes de neige, cette fois-ci, totalement hors-saison et des températures oscillant autour de 0°C.  Pendant deux nuits des 6 et 7 mai, l’ensemble de l’équipe était prête pour des nuits blanches et pour garder les bourgeons au chaud.  
Les gardes forestiers locaux avaient été informés pour qu’ils puissent, à leur tour, prévenir les riverains des éventuels dangers sur la route en raison des tas de feuilles séchées allumés pour créer des fumées protectrices.
Heureusement, la température n’a pas chuté sous zéro, et il n’y a eu presque aucun dommage ou perte.  Seul un réveil stressant ! 

Photo 1 : 5 mai, photo prise sur l’autoroute entre Florence et Bologne
Photo 2 : Fumées des 6 et 7 mai 

Millésime 2019 : pluie et chaleur

Le reste du mois de mai a été très pluvieux et l’équipe a dû faire beaucoup de traitements pour protéger les vignes.  En raison des nouvelles réglementations de l’Europe qui demandent une réduction des applications du cuivre cette année, d’autres produits de substitution ont été testés.
L’huile d’écorce d’orange a fonctionné lorsqu’il y avait des grappes touchées par le mildiou.  
Les traitements aux algues ont plutôt aidé à renforcer la vigne pour anticiper les attaques fongiques.
Enfin, celui à base de propolis a été le substitut le plus efficace pour préserver et pour traiter.  Cependant, il est aussi BEAUCOUP plus cher.  Le cuivre est un traitement très économique et Federico a voulu s’assurer qu’il n’endommageait pas ses sols. Pour cela,  il a payé pour des analyses de sol pour faire des recherches en reliquat de cuivre et le prouver.

Contrairement à mai, juin a été très chaud – l’un des mois de juin historiquement les plus chauds en Toscane.  Juillet a connu des températures normales et stables avec un peu de pluie à Rufina.  Ailleurs en Italie, les mois de juin à août ont connu de nombreux épisodes de grêle.  Le dernier week-end de juillet, Selvapiana était inquiet car de grosses tempêtes de grêles potentielles étaient prévues. Elles ont évité Rufina mais sont malheureusement passées sur Arezzo.  
A Rufina, il a plu en très grande quantité comme c’est devenu une habitude ces dernières années … 

J’interroge Federico sur le risque d’érosion des sols par ces pluies diluviennes. Mais il me rassure de suite, en m’expliquant que la plupart de ses vignes ont des sols couverts qui les protègent.
Dès la fin des vendanges, les inter-rangs sont labourés pour aérer le sol, puis ensemencés un rangs sur deux durant l’hiver avec un mélange de céréales qui dépend des nutriments dont le sol a besoin : Fèves pour enrichir en azote, graminés pour ajouter un paillage, etc. Ces cultures démarrent un peu avant l’hiver puis reprennent après les froids et poussent jusqu’en mars/avril.

Le début du mois d’août a été sec et les nuits ont été froides avec un peu d’humidité le matin.

Il est encore trop tôt pour donner une date de démarrage de vendanges – peut-être dans quelques semaines, peut-être plus, mais certainement pas en août, Federico penche pour la deuxième semaine de septembre pour le Sangiovese.

Photo 1 : sols des vignes couverts
Photo 2 : Federico Giuntini surveillant le vignoble

Gestion des maladies et nuisibles au domaine

Les vignes sont conduites selon les principes de culture biologique depuis le début des années 1990, et des mesures prophylactiques tout comme l’orientation vers un enrichissement de la biodiversité sont la règle générale.

Par ailleurs, des clôtures ont été construites pour empêcher les sangliers de manger les graines des semis d’automne durant l’hiver et les raisins avant et pendant la récolte.

Des pulvérisations organiques ont été appliquées pour empêcher les larves de tordeuse – la tignola – de s’installer sur les baies de raisin.

De nouvelles techniques de taille sont adoptées afin d’éviter la propagation de l’ESCA dans les vignes.  Cette maladie du bois se propage au hasard, un mauvais greffage en est peut être la cause.
L’une des stratégies consiste à utiliser des sécateurs différents pour tailler les branches affectées par l’ESCA, et les branches saines.

Federico a également commencé à replanter certaines parcelles où les vieilles vignes ne sont plus aussi saines.  L’an dernier, ce sont 2 Ha de Bucerchiale qui ont été replantées, issue de sélection massale de Sangiovese de la parcelle.

Photo 1 : Vignes affectée par l’Esca
Photo 2 : Grappe de Sangiovese, véraison presque terminée

Donner en retour –  Investir localement à Rufina

La famille Giuntini est installée à Rufina depuis 1827 et Federico Giuntini représente aujourd’hui la sixième génération.  Dans le petit village de Pontassieve, l’école primaire – Scuola Giuntini – porte le nom de Giuntini, car la famille avait financé sa construction il y a plus de 125 ans en 1885.

En rentrant du diner, j’aperçois une ancienne enseigne “Selvapiana” sur un mur de bâtiment sur la route principale, je suis intriguée et demande à Federico ce que c’est.
Très humblement, il m’explique le projet d’un de ses fils actuellement étudiant en sciences sociales à l’université et qui souhaite transformer l’ancienne boutique du domaine en restaurant. Les employés seraient des habitants de la région souffrant de problèmes de santé mentale, comme l’autisme.

Photo 1 : Cave du domaine Selvapiana 
Photo 2 : projet futur – Renovation de l’ancienne boutique Selvapiana située à Pontassieve

Millésimes anciens de Selvapiana

Un des trésors du domaine est la vieille cave remplie de vieux millésimes. En fonction de votre année de naissance, vous aurez peut etre la chance de dégustervotre millésime ! 

Aujourd’hui sont disponibles en petite quantité les Chianti Rufina Riserva suivants : 1969, 1970, 1973, 1977, 1980

Pour les millésimes de Bucerchiale, ces millésimes sont disponibles, également en petite quantité:

  • 2006
  • 2009
  • 2010
  • 2011

Photo 1 : Tasting 1980 Chianti Rufina
Photo 2 : Exploring the Cellar of Vintage Selvapiana with Federico


Diner Al Fresco” à Rufina

A 300 m d’altitude et entourée de bois, la région de la Rufina a toujours été connue comme le terrain de chasse de la noblesse de Florence.  Il existe encore aujourd’hui de nombreuses réserves de gibier dans la région pour la chasse au faisan, au cerf, au lapin et, bien sûr, au sanglier.

Le matin où j’ai quitté le Domaine, un membre du personnel de Selvapiana avait tué un sanglier qui faisait du tort à la propriété.  Il sera congelé et réparti entre les employés pour qu’ils le mangent – rien n’est gaspillé tout est partagé ! L’abondance de ces ravageurs fertiles est vraiment devenu un problème de vignoble – dans cette région comme dans beaucoup d’autres en Italie ou en France. Le développement en nombre des sangliers a d’ailleurs faire revenir les loups dans la région – leurs prédateurs naturels. 

Grâce aux parcelles en altitude du Chianti Rufina, les vins de Selvapiana conservent une fraîcheur et une élégance qui se marient facilement avec de nombreux plats.  Lors de cette visite, nous avons dîné au Ristorante Artemide, haut dans les collines toscanes entourées de forêts, de vignes et de champs de foin.  

Ce qui grandit ensemble, va ensemble !  Au menu local, nous avions : Ragù de sanglier avec tortelli de pommes de terre, tagliatelles de lapin, mozzarella de buffle aux câpres, prosciutto et melon, et bien sûr soupe de tomate de saison.  Ces plats accompagnés de vins Selvapiana chambrés, démontrent facilement leur polyvalence pour accompagner une variété de plats de viande, même sur la terrasse au milieu de l’été toscan !

Malgré les 30°C, illustration du diner chez Fresco, la viande est souvent présente à Rufina.  
Photo 1-4 : Carne Salata (steak tartare), Tagliatelle au lapin, Foie aux oranges et tomates confites, Parmesan & assiette de charcuterie

Vins actuellement : Selvapiana

Chianti Rufina 2017
Pour ce que Federico considère comme un millésime difficile, ce Rufina 2017 est un très beau vin. 
A cause de la sécheresse, le millésime a perdu 25% de sa production prévue.

Notes de dégustation : 
On retrouve en bouche les caractéristiques d’un millésime chaud, ce Sangiovese (à 95%) est plus concentré que l’habituel Chianti Rufina.  Mais la chaleur du millésime lui a donné du muscle !  Le nez est plein de prunes noires mûres, de feuilles de tabac et de muroises. En bouche, on retrouve cette palette aromatique mais avec une structure tannique sérieuse, et une acidité bien présente.


Fornace 2015
Traduit du mot italien “Furnace”, cette parcelle correspond à là où se trouvait l’ancien four à briques.  Issu à 40% de merlot, 40% de cabernet sauvignon et 20% de cabernet franc, les raisins sont vendangés à la main et fermentent avec des levures indigènes, puis sont élevés en barriques de chêne français.

Notes de dégustation
Le vin est savoureux tant au nez qu’en bouche, notes de feuille de tabac, cigare, cuir tanné et pruneaux.  


Bucerchiale 2015
Vin phare de la parcelle du domaine, issu de la parcelle “Bucerchiale” et est vinifié depuis 1979.  Dernière parcelle à être vendangée (et à la main), le vin est issu de Sangiovese à 100% et mis à fermenter avec des levures indigènes, puis élevé en barriques de chêne français.  

Notes de dégustation: Dans le verre, le vin présente déjà une évolution avec un bord rouge brique.  Des notes de tomates cerises fraîches et de prune rouge acidulée se développent au nez, suivies en bouche par des tanins de cigare.

Notes / Awards – Bucerchiale 2015
Wine Advocate Robert Parker 93 pts, Wine Enthusiast 96 pts,
Wine & Spirits Magazine 92 pts, Antonio Galloni 91+ pts

Villa Petrognano Pomino 2015
Une des régions viticoles historiques de la Toscane, Pomino est l’une des appellations faisant partie de la déclaration de Cosimo de Medici de 1716 – ancêtre du système des DOC / DOCG.
Composé de 60% de Sangiovese, 20% Merlot et 20% Cabernet Sauvignon.

Notes de dégustation – Pomino 2015
Le vin a un parfum très fin de roses et de rhubarbe, il est très floral avec une touche de tabac doux.  En bouche, les tanins sont soyeux et élégants avec une longue bouche et une belle acidité.


L’histoire de la classification des Chianti Rufina 

Durant sa dernière année en tant que président du Consorzio Chianti Rufina, Federico Giuntini a créé le projet d’une nouvelle référence de vins, inspirée de la Gran Selezione que l’on retrouve en Chianti Classico et qui correspond à la plus haute classification.
Pour mémoire pour qu’un Chianti Classico soit un “Gran Selezione” il faut que le vin soit issu à 100% des raisins du domaine familial et d’une parcelle reconnue pour sa qualité intrinsèque à produire des vins de très belle qualité. Le vin ne peut etre commercialisé avant 30 mois d’élevage minimum.

L’idée pour le groupement de producteurs de Chianti Rufina est de tirer vers le haut la qualité de leurs vins avec une cuvée issue d’une sélection parcellaire appartenant au-dit domaine et issu à 100% de Sangiovese.

Aujourd’hui 18 sur les 20 producteurs ont adopté l’idée et sont prêts à produire des vins sous cette nouvelle dénomination pour les Millésimes 2017 et 2018, certains vins ont déjà été commercialisés par les producteurs du Rufina Consorzio – y compris le lancement par Selvapiana de la cuvée Erchi 2016.  
En septembre, le Consorzio Rufina se réunira pour trouver un nouveau nom qui sera différent de Gran Selectzione et qui sera unique à Rufina. 

Erchi 2016
Sorti au printemps 2019, ce vin a déjà impressionné les critiques !  
C’est une une sélection parcellaire – Erchi – 100% plantée de Sangiovese en 1999. Les vignes sont plantées sur un sol calcaire ferreux situé à une altitude comprise entre 200 et 260 mètres. La parcelle est située en limite Sud de l’appellation Rufina plus exposée au soleil.

Notes de dégustation: Ce vin a une grande intensité au nez. La bouche présente une grande puissance équilibrée par la finesse. Il présente des arômes de cerise écrasée, de compote de framboise, de menthe et d’anis étoilé, quelques notes de sang et fer. Vin sapide avec des tanins soyeux.

Presse / AwardsErchi 2016
Robert Parker Wine Advocate 91 pts
Wine Enthusiast Magazine 95 pts

Babyfoot pour faire une pause ludique après la dégustation ! 

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