Début de l’été 2025 à Azay-le-Rideau

23 juin

Nous sommes accueillies en cette fin juin par une vigneronne souriante et sereine car la saison se déroule sans stress. La vigne pousse à allure raisonnable permettant de ne pas se laisser déborder par les travaux viticoles.

Marie Thibault aime passer du temps dans ses vignes, qu’elle bichonne. Si vous allez un jour visiter le domaine, c’est une étape obligatoire … pour notre plus grand plaisir !

Climatologie du millésime en cours

Après un hiver particulièrement long et un débourrement tardif, la vigne a enfin retrouvé son rythme. Bonne nouvelle : aucune problématique majeure liée au gel n’a été rencontrée cette année. Cela faisait plusieurs campagnes que les conditions n’avaient pas été aussi clémentes à cette période.

Le printemps, bien qu’humide au départ, a permis une bonne installation végétative. Aujourd’hui, la pression du mildiou est inexistante, un soulagement pour le vignoble. 

En revanche, l’attention se porte désormais sur le risque de sécheresse. Pour y faire face, un travail du sol minutieux est en cours, notamment un griffage en surface. Cette technique vise à casser le couvert végétal afin de limiter la concurrence hydrique, en particulier autour des jeunes plantations. 
 

Photo de gauche : engrais verts pendant l’hiver

Photo de droite : griffage en surface en cours

Stade végétatif de la vigne

La floraison s’est déroulée de manière homogène, ce qui est toujours bon signe pour la suite du cycle. Actuellement, les chenins sont en pleine nouaison, tandis que les gamays et grolleaux ont atteint le stade du « petit pois ».

Cependant, de fortes amplitudes thermiques freinent quelque peu la croissance : les journées atteignent 28 °C, mais les nuits restent fraîches à 12 °C. Cette alternance ralentit le développement de la vigne. On peut dire que cette année, la végétation avance sans précipitation, loin d’un millésime où l’on fait la course contre la végétation.

Nouaison en cours sur les chenins

Anciens cépages remis au goût du jour

Dans le chai, le travail de vinification s’inscrit désormais dans un contexte marqué par le changement climatique. Depuis plusieurs années, on constate une hausse des concentrations en sucre et une baisse notable de l’acidité dans les raisins. Or, l’acidité reste essentielle à l’équilibre et au potentiel de garde des vins, particulièrement dans les blancs, mais aussi dans les rouges.

Face à ces évolutions, Marie Thibault et Franz Saumon s’intéressent de près aux cépages anciens, souvent abandonnés parce qu’ils étaient jugés jadis trop acides ou peu concentrés. Aujourd’hui, ces variétés oubliées apparaissent comme une réponse naturelle aux enjeux viticoles actuels, alliant adaptation climatique et qualité organoleptique.

Trois d’entre eux ont retenu leur attention, sélectionnés pour leur résistance au gel et aux maladies, ainsi que pour leur profil aromatique et leur faible degré d’alcool , en phase avec les attentes d’aujourd’hui:

  • Le Grolleau, cépage rouge emblématique de la région autochtone de Saint Mars-La-Pile (à moins 10km de leur vignoble)  et exclusivement cultivé en France, se distingue par sa rusticité et sa tolérance au mildiou. Il donne des vins souples, fruités, frais et peu alcooleux, parfaits pour des rouges légers et frais.
  • Le Menu Pineau, cépage blanc autochtone du Loir-et-Cher, complète cette approche. Considéré comme l’équivalent blanc du Grolleau, il est bien adapté au climat ligérien. Il offre des vins ciselés, précis, peu alcoolisés, souvent vinifiés en assemblage plutôt que seul.
  • Enfin le Romorantin. Cépage royal introduit par François Ier à Cheverny, exprime toute sa finesse sur les terroirs de Chambord. Sa fraîcheur, ses notes florales délicates et ses nuances de miel en font un vin singulier et rare que Franz aime cultiver sur ses vignes à Montlouis.

Ce cépage, le Romorantin, a récemment rejoint leur gamme en tant que monocépage. Un premier essai avait été réalisé en 2022, mais uniquement conditionné en magnum. Le millésime 2023 marque un tournant : pour la première fois, il sera proposé en format bouteille standard et s’apprête à faire son entrée officielle.

Vinifié avec le plus grand soin, vendangé manuellement, pressé directement, puis débourbé pendant une nuit entière, le Romorantin 2023 a bénéficié d’un élevage de 18 mois en jarre de 5 hL. Son assemblage a été finalisé à la veille des vendanges 2024, et jusque là il a bénéficié d’un affinage en cuve. Le vin est désormais prêt à être dégusté.

Un bel hommage à l’histoire et à la vitalité des cépages oubliés, remis au goût du jour pour mieux affronter les défis du présent.

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