Vallères
Novembre 2020
Visite alors que les fermentations sont terminées pour celles faites en cuve et que les barriques glougloutent tranquillement.
Ce millésime 2020 aura été celui de la surveillance avec des nuits courtes en avril pour veiller armée de bougies – dans le plantier – pour protéger les vignes du gel puis de la surveillance de ces mêmes jeunes vignes durant la canicule de l’été.
C’est finalement une belle récolte avec un millésime plutôt expressif.
Dans ce reportage vous pourrez lire plus sur :
- Nouvelles vignes pour le domaine
- Comment s’adapter au changement climatique
- En en cave …?
- Gamme des vins disponibles
- A venir prochainement
Les vignes habitées
Durant l’automne, les vignes de Marie sont habitées de moutons. Un troupeau de 21 brebis et son gardien paissent tranquillement l’herbe. Tous les 10 jours, la clôture électrique est déplacée sur un nouvel hectare.
Ainsi en un mois et demi, les 5 ha auront été tondus et le sol enrichi naturellement.
C’est la 4ème année que Marie met des moutons dans ses vignes et elle est très contente du résultat : matière organique et micro-organismes sont apportés simultanément et les vignes sont de plus en plus belles années après année au printemps et en été.
Nouvelles vignes pour le domaine
1) Nouvelles vignes pour Marie mais vieilles vignes en réalité
En 2019, Marie récupérait 1 ha de vieilles vignes de gamay – de 55 ans – attenant à ses parcelles. Attendant une faible production de ces vieilles vignes non palissées, elle savait que ce serait avec le temps et les travaux du sol qu’elle pourrait obtenir un bon résultat d’ici 2 à 3 ans.
Belle surprise avec une très belle production qualitative et quantitative cette année en 2020.
Seul hic : la difficulté à vendanger les vignes, très basses et non palissées. Dos penché, il fallait soulever les sarments pour cueillir tous les raisins, c’est une des parcelles qui a mis le plus de temps à vendanger.
Les prochains travaux prévoient de palisser ces vignes pour pouvoir remonter les sarments.
2) Nouvelles vignes plantées en 2019
Le plantier de 2019 pousse très bien le choix s’est fait sur des sélections massales de Chenin.
Pour tester, Marie a laissé 1/3 des vignes en franc de pied et 2/3 en greffés. Elle est très sensible à laisser le moins de plaie de taille sur ses plantes et voulait pouvoir comparer le résultat de production et de tenue dans le temps de francs de pied – tout en restant consciente du risque lié au phylloxéra, toujours actif.
Elle nous explique dans la vidéo ci-dessous, comment poursuivre la taille au printemps prochain et “former” le pied de vigne. Afin de minimiser les plaies de taille, c’est le sarment partant du plus bas du pied qui sera conservé. C’est aussi celui qui est le plus aligné, dans lequel la sève circulera bien depuis les racines sans détour à l’intérieur du pied.
Comment s’adapter au changement climatique
1- Les gels en début de saison
Le vignoble de Marie est précoce et les risques de gelée, un sujet sensible et réel. Les gels de printemps ont été fréquents sur les derniers millésimes et elle doit s’adapter à ces changements climatiques.
Tout d’abord pour les jeunes vignes. Ici les gelées printanières sont encore plus risquées pour deux raisons principales :
– elles débourrent toujours plus tôt étant plus vigoureuses.
– les plantes sont encore basses et donc près d’un sol froid.
Cette année le débourrement était particulièrement tôt en raison d’un hiver inexistant, aussi Marie a installé des bougies et a chauffé les vignes durant les nuits les plus critiques.
Pour les vieilles vignes en revanche, Marie adopte une autre stratégie. Elle ne démarre sa taille qu’au 1er avril. Sur ses 5 ha de vignes, il lui faut une équipe efficace pour tailler rapidement. Mais l’idée est de s’y prendre le plus tard possible et de tailler en une dizaine de jours.
Elle observe d’ailleurs que la vigne se régule, comme si elle décalait elle-aussi son débourrement.
2- le réchauffement climatique
On assiste ces dernières années à une augmentation des concentrations en sucre et des baisses des acidités dans les raisins.
Or pour obtenir un bon vin qui évoluera bien dans le temps, il faut de l’équilibre. L’acidité est la colonne vertébrale des vins blancs surtout mais rouges aussi.
Marie Thibault et Franz Saumon – son compagnon également vigneron à Montlouis – s’intéressent aux anciens cépages locaux abandonnés depuis des années, surtout ceux qui produisaient autrefois, des raisins trop acides ou pas assez riches en sucre.
C’est le cas du menu Pineau, cépage blanc autochtone du Loire et Cher, rustique et bien adapté à la climatologie de la Loire. Il correspond un peu au pendant du Grolleau, en version “blanc” il produit des vins avec de faibles degrés d’alcool, ciselé. On le trouve rarement seul et souvent en assemblage.
Franz en a replanté en petite quantité pour le moment pour faire des essais. Les premières vinifications en bulle (et en assemblage) donnent un vin vif, frais, tendu très agréable.
En en cave …?
Depuis qu’elle est installée à Vallères, Marie dispose de magnifiques caves en tuffeau où travailler.
Il y a la place et les conditions de températures et d’hygromètrie idéales à l’élevage des vins en barriques, cuve béton ou jar.
Marie travaille aussi avec Franz Saumon, son compagnon, et une partie de ses vignes sont vinifiées dans la gamme “un saumon dans la Loire”.
Gamme des vins disponibles
la roue qui tourne 2019
La bulle de Chenin 2019 sait se faire attendre mais on ne le redira jamais assez, le terroir de Marie Thibault est propice aux vins de garde. Même les bulles ont tout à gagner à un élevage plus long – 1 an ici pour ce pétillant naturel.
Une cuvée vineuse pour cette bulle qui garde des notes fraiches de citron, de poire et d’acacia.
Le millésime 2019 a été très solaire, entrainant des alcools un peu plus élevés qu’en 2018. Les mouts étaient bien équilibrés et les fermentations se sont bien passées – régulières.
C’est un très beau millésime qui allie la maturité et une belle acidité que l’on avait pas en 2018.
le grolleau 2019 – 100% Grolleau
100% Grolleau vinifié en vendanges entières macérées une 10aine de jours. Le vin est ensuite pressé et la fermentation continue en cuve. La mise en bouteille est faite en mars suivant.
Un vin fruité, on reconnaît 2019 très solaire ici, c’est mûr ! Au nez, on retrouve la groseille, le cassis. Les tannins restent fins grâce à cette approche de vinification courte.
Un vin parfait pour accompagner les charcuterie de Touraine ou d’ailleurs.
Les grandes vignes 2018 – 100% Gamay
100% Gamay qui restent en macération (présence du chapeau) durant 8 mois. Le décuvage a lieu un peu avant la mise en bouteille.
Un vin encore un peu discrêt sur les arômes mais on retrouve des notes de rhubarbe, de fruits rouges, les tannins sont très fins, bien intégrés au vin.
A venir prochainement
premier nez 2019
Mise prévue pour début 2021
L’assemblage est fait depuis aout 2020. Une partie a été élevée en barrique et l’autre en jar (on ne peut pas parler d’amphore ici car les cuves sont en grès et non en terre cuite).
Le millésime est très intense, on retrouve au nez des notes d’ananas, de fruits exotiques. En bouche on retrouve ces arômes et une pointe saline qui donne du relief et souligne la fraicheur.
Belle longueur – excellent !
le zézé 2020
On retrouve le Zézé en 2020 avec 100% grolleau en pressurage direct pour ce millésime.
Les vendanges anticipées pour éviter des risques de pourriture ont orienté la vinification des Grolleau en rosé en raison de l’acidité plus élevée et maturité moins riche.
Le vin d’une belle couleur framboise, est encore en cuve et peu expressif sur les arômes. On décèle quelques de framboise, de fraise des bois, la bouche est tendue et rafraichissante.
Beau potentiel !