Champagne Louise Brison
Noé-les-Mallets
1er Septembre, 2020
A peine arrivée au Domaine Louise-Brison, je plonge dans l’univers des vendanges, accueillie par le parfum des pinots noirs fraîchement pressés. Les guêpes font également partie du comité d’accueil, bourdonnant frénétiquement à la recherche du moût de raisins sucrés – attention !
Le Domaine Louise-Brison travaille en famille – les parents de Delphine l’aident et la relayent pour s’occuper des enfants durant cette période intense. Ils organisent également le déjeuner quotidien pour tous les vendangeurs, laissant ainsi à Delphine plus de disponibilité pour se concentrer sur la récolte, les pressurages et les démarrages de fermentation : étapes capitales de la préparation d’un nouveau millésime.
Delphine est enjouée et heureuse de sa récolte 2020. L’année aura pourtant été compliquée avec beaucoup de stress : une canicule avec des températures enregistrées dans le vignoble allant jusqu’à 50°C, la crise COVID, et les restrictions de récolte obligatoires pour le Champagne. Malgré ces défis, elle est optimiste, sa récolte s’annonce d’excellente qualité et 2020 est également une année importante puisqu’elle correspond à sa première année de certification biologique et les conditions météorologiques ne pouvaient pas être meilleures !
Dans ce reportage vous trouverez :
- Le cycle végétatif depuis l’automne 2019 et le travail fait dans le vignoble
- Difficultés de travail cette année dans le vignoble (canicule et restriction de récolte)
- Focus sur les vendanges des pinots noirs
- Liste des champagnes Louise-Brison actuellement disponibles
Démarrage du cycle : Automne 2019 & hiver 2020
Les vendanges passées 2019 ont duré environ 10 jours sur les deux premières semaines de septembre. Assez rapidement, dès que les premiers moûts démarraient leur fermentation, Delphine a repris le chemin des vignes pour y travailler et s’occuper de remplacer les plants manquants et labourer le sol pour le décompacter.
La taille a démarré à la mi-novembre et s’est étalée jusqu’à avril.
Cette année n’a pas connu d’hiver à proprement parler. Le thermomètre est descendu à -5°C deux jours seulement, pas suffisamment pour que les vignes aient une vraie période de repos. Sur une plus courte période, si l’on compare la climatologie des quatre hivers passés, c’est la nouvelle “normale”. L’hiver peut etre pluvieux ou sec, mais il est rarement froid.
Cette année est une année sèche, les pluies ne sont arrivées qu’à la mi-février, pour durer jusqu’à mars.
Du printemps 2020 aux vendanges
Plus la taille est tardive, plus le débourrement est tardif, ce qui contribue à protéger les vignes des gelées de fin de printemps. D’habitude, Delphine et son équipe s’organisent pour que la taille se termine mi-avril, mais cette année, il était difficile de donner un rythme, la nature décidait au contraire d’aller vite et le cycle végétatif a démarré rapidement au printemps.
Le 10 avril, les premiers débourrements apparaissaient. D’après Delphine, ce n’est pas une date précoce par contre, il s’est presque fait en une nuit ; ça a été très soudain ! L’équipe avait toujours l’impression d’être en retard sur les travaux viticoles, le rythme de travail pour la taille puis le palissage a été intense en raison d’un développement végétatif très rapide, une impression de course contre la montre.
Fin mai, La saison était en avance de deux semaines
Au contraire, la floraison a pris son temps et a débuté début juin, au moment où les températures descendaient. Elle a été régulière et s’est faite sur une dizaine de jours. Les Chardonnay, les premiers à fleurir, ont subi un peu de coulures et millerandage, principalement en raison de la baisse de température de juin. Le Pinot Noir bourgeonnant plus tard, a eu moins de soucis et la nouaison s’est très bien passée.
Les pluies de juin (40 à 50 mm) sont arrivées après la floraison et nouaison, parfait pour aider les grains de raisins à se développer. L’année 2020 est particulièrement chaude et sèche, les doses de cuivre appliquées pour protéger le vignoble, ont été en conséquence, très faibles. En saison humide, il peut y avoir entre 4 et 6 kg/ha de cuivre. Cette année, seuls 2 kg/ha auront été nécessaires en 8 traitements. Les pressions en Mildiou et Oïdium étaient faibles et Delphine a adapté son rythme de traitements en fonction, faisant peu de passages dans le vignoble et ne protégeant plus les vignes après le 23 juin, date très précoce, puisqu’en général ils sont nécessaires jusqu’à la mi-juillet.
Canicules d’Août et brûlures sur les chardonnays
Comme de nombreux vignerons, Delphine est partie en vacances début Août. Malheureusement cette année, Août coïncidait avec la canicule dans de nombreuses régions en France y compris en Champagne.
Au moment de son départ, les vignes présentaient un état sanitaire parfait avec des raisins bien formés, homogènes et très sains, même la quantité était là ! Ce millésime augurait de très beaux champagnes. Malheureusement, ses vignes ont subi une canicule de 5 jours consécutifs, et sur les hauts de coteaux les raisins orientés à l’Ouest ont brûlé. Les relevés de température ont atteint jusqu’à 50°C dans les vignes cette année, et ce sont 25 % de la récolte qui a été perdue par ces brûlures.
Malgré cet état avancé de la vigne et ce risque de perdre toute la récolte à cause des fortes chaleurs, Delphine a préféré attendre avant de démarrer les vendanges.
D’autres suivaient une autre stratégie à savoir : récolter plus rapidement. Mais pour Delphine, le facteur concentration de certains raisins très sucrés (car secs) n’étaient pas suffisants et les maturités n’étaient pas abouties.
En effet, les contrôles de maturité faits sur les raisins non grillés montraient un degré d’alcool potentiel de 9% confortant cette prise de décision et la nécessité d’attendre. De plus, juste avant les vendanges, les pluies sont arrivées apportant l’eau nécessaire aux chardonnays pour qu’ils reprennent leur cycle végétatif, se gonflent d’un peu de jus.
Chez Louise-Brison, les vendanges ont commencé le 24 août et se sont poursuivies jusqu’au 5 septembre. Cette année, tous les domaines ont le droit de récolter 8000 kilos par hectare pour l’AOC Champagne – Ce sont les quotas 2020 décidés et votés par le comité de Champagne composé équitablement de producteurs indépendants et de négociants.
Pour les champagnes Louise-Brison, cela représente environ 8 jours de récolte, Delphine profite de la très faible pression en maladie et de la très belle qualité des raisins pour donner un rythme de cueillette sans stress. Un gros tri manuel est fait dans les vignes pour enlever les baies brûlées. Les vendangeurs sont là pour une récolte lente et minutieuse, c’est une équipe qui connaît très bien le domaine puisque se sont les même familles qui travaillent depuis 25 ans, relayées par la nouvelle génération.
Cette année, le Pinot Noir a été récolté en premier avec un potentiel d’alcool compris entre 11 et 11,5 % – un taux parfait pour produire un Champagne de qualité avec encore un peu d’acidité. Le Chardonnay a suivit. Dans l’ensemble, il y a un grand équilibre entre sucre et acidité, et une grande maturité (grâce aux dernières pluies donnant des baies plus charnues et parfaitement mûres).
Entre tradition et modernité – le choix du pressoir utilisé
Depuis 2019, le domaine Louise Brison est équipé d’un nouveau pressoir pneumatique Bucher Vaslin doté du système Orias. Delphine aime utiliser ce pressoir pneumatique pour les couleurs plus claires des moûts. En effet, ce pressoir est équipé d’un capteur de pression qui mesure finement la pression moyenne à l’intérieur des baies pour adapter une pression nécessaire et suffisante à l’intérieur du pressoir. C’est donc du sur-mesure en fonction de la récolte millésime par millésime.
Par ailleurs, le domaine possède toujours le pressoir vertical traditionnel, le Coquard.
Les deux présentent des avantages !
Cette année c’est la 2ème année d’utilisation du pressoir pneumatique et Delphine reconnait qu’il produit des jus plus fins, mais d’un autre côté, elle aime la texture des moûts à la sortie du Coquard. Elle utilise donc les deux, en fonction des raisins qui arrivent.
Cette année, les vendanges sont rythmées avec certaines journées jusqu’à 24 000 kilos récoltés, les journées sont alors très longues … commençant à 5 heures du matin à la récolte et finissant à 1 heure du matin avec le dernier pressoir. Ces 6 pressoirs en une journée ne sont pas toujours ceux pour les Champagne Louise-Brison puisque Delphine aide certains de ses amis, ayant des vignes à coté du domaine, et qui viennent presser leurs raisins au domaine).
A chaque fois, un pressoir (4000 kg de raisins) correspond à une parcelle spécifique. Seulement parfois, une même récolte d’une même parcelle peut être scindée en deux pour être pressée en partie dans le pressoir pneumatique et en partie dans le Coquard, mais dans ces cas-là, les jus seront toujours vinifiés indépendamment, pour être ensuite assemblés en fonction de l’évolution des vins produits.
Petite spécificité du domaine Louise-Brison
Le domaine pratique le pressurage en 4 fractionnements, et non 3 comme habituellement en Champagne, pour obtenir une différenciation des moûts encore plus fine.
C’est la cuvée qui est séparée en deux partie produisant une 1ère tête de cuvée de 10 hL
Puis une 2ème cuvée donnant les 10,5 hL suivant
La 3eme taille produit les 3 hL suivant
et la 4ème taille les 2 derniers hL.
Autres réglementations décidées par le CIVC
Le CIVC (Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne) ne contrôle pas seulement la quantité de raisins autorisée par hectare (8000 kg par hectare pour cette année en 2020), il contrôle également les quantités de bourbes autorisées à être conservées. Cette année, les vignerons de Champagne ont droit de produire un moût contenant entre 1 et 4% de bourbes, qui sont les sédiments (particules de raisins) permettant aux levures de se développer et d’assurer une fermentation alcoolique totale.
Le niveau de lie fine est lui-aussi fixé, à 1,2 % pour 2020 (également décidé par le CIVC).
Pour ce qui est de l’élevage, Delphine laisse ses vins en cuve puis en barrique sur lies fines pour qu’ils bénéficient de l’autolyse de levure et gagnent en complexité aromatique et structurelle. Une chose est certaine, chaque millésime est différent dans la conduite de fermentation que ce soit alcoolique ou malolactique.
Au Domaine Louise-Brison, la fermentation malolactique n’est pas pratiquée tous les ans, c’est un jugement de chaque millésime. En 2019 par exemple, Delphine estimait que le millésime ne gagnait pas à ce qu’elle ait lieu, l’acide malique permettant d’équilibrer la teneur en alcool de de 12%. Toutefois, pour les quelques barriques l’ayant déclenchée, Delphine n’a pas non plus cherché à les arrêter ne souhaitant pas avoir recours à trop de sulfite. Au final, le 2019 aujourd’hui en bouteille présente un très bel équilibre fraicheur / structure et suffisamment d’acidité pour supporter un vieillissement de 5 ans comme c’est la règle pour tous les champagnes Louise-Brison tous millésimés.
Tout est matière à réflection, rien n’est automatique, chaque millésime demande à la vigneronne une adaptation permanente et souvent rapidement.
Champagne Rosé
Le jour de notre visite est le dernier jour de la récolte du Pinot Noir. Il provient d’une parcelle un peu particulière – En val des Saults – c’est l’une des plus vieilles vignes du Domaine (plus de 50 ans) où le rendement y est très faible.
Les grappes arrivent entières en caissette, puis elles sont laissées 4 jours en cuve pour atteindre l’équilibre parfait arômes / couleur – il y a souvent un léger départ en semi-carbonique. Ensuite, la cuve est soutirée pour obtenir un jus de goutte, et les raisins restants sont pressés dans le pressoir Coquard – ce pressoir Coquard est toujours utilisé pour le Rosé au domaine Louise Brison. La cave a été construite pour travailler par gravité et les moûts sont amenés en cuve sans pompage.
Les jus du rosé sont assemblés et fermentent en cuve en inox. Une fois la fermentation alcoolique achevée, le vin est mis en barrique pendant 9 mois environ.
C’est une étape importante et une signature de la vinification des champagnes Louise-Brison puisque tous les vins (blanc et rosés) sont élevés en barrique pour s’arrondir et développer leur structure, leur gras et leurs arômes avant de poursuivre un élevage long de 5 ans minimum en bouteille.
Pour le millésime 2019, le soutirage en barrique a été effectué la première semaine de juin, il a été mis en bouteille le 9 juillet et vieillira en bouteille en cave au moins 5 ans. La fermentation malolactique des champagnes rosés n’est jamais faite pour laisser au vin une acidité suffisante et favorable à une meilleure complexité aromatique et à une aptitude à une bonne conservation en bouteille sur plusieurs années.
Bien que l’AOC Champagne stipule qu’il est interdit de ne produire que des champagnes millésimés, c’est la règle au Domaine Louise-Brison. En revanche, pour répondre à l’obligation de l’appellation, c’est le Champagne rosé qui n’indique pas le millésime sur l’étiquette. Vous pouvez trouver la date de récolte discrètement inscrite sur la contre-étiquette de la bouteille, ce qui est dans ce cas-ci autorisé.
Vintage Champagnes Available
Champagne Extra Brut blanc – millésime 2014:
Très beau millésime avec des raisins récoltés à 11% naturel, sur ce millésime 50% de la malolactique a été faite.
Nez très légèrement brioché à l’ouverture, bulles extrêmement fines.
Vin très pur avec des notes florales (fleurs de jasmin et laurier). Des notes de fruits et d’agrumes se développent au nez puis en bouche à l’aération. Bouche longue et saline.
*nouveau millésime* Champagne blanc “Tendresse” blanc de blanc 2012 –
100% Chardonnay
Le zéro dosage de ce Brut Nature n’était pas intentionnel pour ce millésime, mais c’était le choix de Dame Nature. Dégorgé le 15 juillet, le Champagne présentait un équilibre qui naturellement plaisait beaucoup à Delphine qui n’a alors ajouté aucune liqueur de dosage. Il est élaboré uniquement à partir du jus de la Tête de Cuvée – généralement le plus pur et le plus fin, légèrement austère – avec une belle acidité précise, qui prend un peu plus de temps à s’ouvrir.
Le nez est riche en notes citronnées, coing, orange et de pommes Granny Smith, que l’on retrouvent également en bouche. La texture de bouche démarre par une attaque riche et onctueuse puis évolue avec un milieu de bouche tendu. On note des arômes de pain, de brioche, une note saline, légèrement oxydative et une finale croustillante.
Accords mets-vin: Ce champagne accompagnera parfaitement les huitres crues ou cuisinées ! Ou pour plus de gourmandise, un foie gras cuit très simplement, en terrine, un peu de sel et de poivre, sans autre condiment, pendant 45 minutes au four (pas d’alcool dans notre recette).
Champagne rosé 100% Pinot Noir millésime 2012:
Rosé de saignée issue de 3 jours de macération
Notes de prunes, cerises, épices douces très nettes, une bulle très fine, une bouche fraiche avec un palette aromatique très délicate.
Gamme Légende Louise-Brison
Vieux millésimes de champagne
Plusieurs millésimes sont disponible au Domaine Louise-Brison, nous vous en proposons néanmoins un parmi tous – le millésime 2000 !
Très grand millésime de qualité. Ce millésime avec beaucoup d’acidité permet une grande garde, 2000 marque aussi la fin d’une époque climatique sans canicule ni fortes chaleurs, une époque où les champagnes avaient naturellement beaucoup d’acidité.